Zoom sur la famille de risque lié à la charge physique de travail

Par
Ludovic Berteau
Publié le :
14/6/25
Risque lié à la charge physique de travail

Charge physique de travail : ces risques invisibles qui usent les corps

Introduction

Travailler accroupi dans un vide-sanitaire, déplacer des patients en chambre, soulever des seaux de produits ou manipuler des pièces mécaniques à longueur de journée… Dans des secteurs très différents comme le bâtiment, les soins, la propreté ou l’industrie, la charge physique de travail est omniprésente. Pourtant, elle reste encore trop souvent perçue comme une simple composante "normale" du métier, un passage obligé qu’il faudrait juste “encaisser”.

Mais à force de gestes répétés, de postures contraignantes ou d’efforts mal adaptés, le corps s’use, silencieusement. Les douleurs apparaissent, la fatigue s’installe, les accidents surviennent. Et parfois, c’est l’inaptitude ou l’incapacité à continuer le métier qui s’impose brutalement.

Cet article vise à faire le point sur les risques liés à la charge physique dans tous les secteurs d’activité, et surtout sur les leviers de prévention qui peuvent faire une vraie différence sur le terrain.

Qu’est-ce que la charge physique de travail ?

La charge physique désigne l’ensemble des sollicitations du corps lors de l’activité professionnelle :

  • Port de charges lourdes (colis, outils, matériel, personnes),
  • Postures statiques ou inconfortables (accroupi, bras levés, dos courbé),
  • Gestes répétitifs (nettoyage, montage, soins),
  • Efforts musculaires intenses ou prolongés,
  • Déplacements fréquents ou manipulations dans des espaces restreints.

Elle varie selon les métiers, mais les contraintes biomécaniques sont présentes partout, même dans des tâches qui semblent à première vue légères.

Quels sont les conséquences pour la santé ?

1. Les troubles musculo-squelettiques (TMS)

Première cause de maladies professionnelles en France, les TMS touchent :

  • Le dos (lombalgies),
  • Les épaules (tendinites),
  • Les poignets et coudes (syndromes canal carpien, épicondylite).

Ces douleurs deviennent chroniques si rien n’est fait, et peuvent entraîner des arrêts de travail répétés, voire une inaptitude.

Par exemple, les lombalgies :

Le mal de dos est une conséquence directe de ports de charges mal maîtrisés, de torsions du tronc ou de longues postures figées. C’est un signal d’alerte à ne jamais banaliser.

3. La fatigue physique et mentale

À force de contraintes physiques non compensées, le corps ne récupère plus. Cela nuit à la concentration, à la vigilance, et peut aggraver le risque d’accident.

4. Les accidents du travail

Un faux mouvement, un glissement avec une charge, une mauvaise coordination… Et c’est l’accident. Fractures, hernies, entorses sont fréquentes dans les métiers physiques.

Les facteurs aggravants

Certains éléments augmentent les effets néfastes de la charge physique :

  • Poids excessif ou mauvaise prise en main des objets,
  • Environnement contraint (manque d’espace, sol glissant, matériel défectueux),
  • Cadences imposées et pression du rendement,
  • Manque de pauses ou d’alternance des tâches,
  • Travail de nuit ou posté, qui diminue la récupération.

Prévenir les risques liés à la charge physique : par où commencer ?

1. Observer le travail réel

Ce que dit la fiche de poste ne reflète pas toujours la réalité du terrain. Il faut aller voir, écouter, filmer, analyser les gestes et contraintes quotidiennes avec les salariés.

2. Améliorer l’ergonomie des postes

  • Adapter les hauteurs de travail,
  • Réduire les distances de déplacement,
  • Supprimer les torsions et postures inconfortables.

Un bon aménagement prévient des années de douleur.

3. Fournir des équipements adaptés

  • Aides à la manutention (palans, chariots, lèves-personnes),
  • Outils ergonomiques,
  • Vêtements de travail qui facilitent les mouvements.

4. Former les collaborateurs

Des formations concrètes, si possible sur site, permettent d’intégrer les bons réflexes dans les situations réelles : lever une charge à deux, plier les jambes, éviter de vriller le dos... Les formations PRAP sont adaptées à mieux faire comprendre ce risque et surtout à y trouver des solutions collectivements.

5. Intégrer des pauses et varier les tâches

Alterner les types d’activité et prévoir des moments de récupération est essentiel. Cela limite la fatigue musculaire et diminue les erreurs liées à l’épuisement.

6. Impliquer les équipes dans la prévention

Ce sont les premiers concernés qui connaissent le mieux leurs contraintes. Leur donner la parole permet de co-construire des solutions efficaces et réalistes.

90% des solutions sont trouvés par les équipes. Il suffit de leur laisser le temps de "sortir la tête du guidon" pour y réfléchir. Les experts IPRP du réseau EFC Prévention peuvent vous y aider.

Un enjeu humain… et économique

Prévenir les risques liés à la charge physique, ce n’est pas “faire du social”. C’est éviter les arrêts de travail, le turn-over, l’usure prématurée, et préserver des savoir-faire essentiels.

Conclusion

La charge physique de travail est trop souvent invisibilisée, tolérée, voire valorisée à tort comme preuve d’engagement. Pourtant, elle peut abîmer durablement les corps et briser des parcours professionnels.

À chaque niveau – employeur, manager, salarié, préventeur – il existe des leviers d’action concrets. Car la santé au travail ne devrait jamais être négociable. Et préserver les corps, c’est aussi prolonger la vie professionnelle et la qualité de vie tout court.

Chez EFC Prévention, nous mettrons tout en oeuvre pour vous permettre d'agir pour votre prévention des risques professionnels.