Risques biologiques au travail : sources, exemples et mesures de prévention
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Risques biologiques au travail : sources, exemples et mesures de prévention
Quand on parle d’agents biologiques au travail, on pense souvent aux eaux usées, aux déchets infectieux, aux animaux porteurs ou aux micro-organismes manipulés en laboratoire. Pourtant, il ne faut pas oublier que la première source d’agents biologiques reste… l’être humain lui-même.
Chaque salarié transporte un microbiote composé de bactéries, champignons et parfois de virus asymptomatiques. La simple présence humaine, les contacts rapprochés, la promiscuité des espaces de travail ou encore le partage de matériel et de surfaces favorisent la transmission. Les épisodes de grippe saisonnière, de gastro-entérite, ou plus récemment de Covid-19, l’ont rappelé : le risque biologique est omniprésent, même dans les bureaux.
Ainsi, la prévention ne concerne pas uniquement les environnements « à haut risque » (hôpitaux, laboratoires, stations d’épuration, agroalimentaire). Elle s’applique à tous les lieux de travail où les personnes interagissent et échangent, car chacun peut, sans le savoir, être porteur ou transmetteur d’agents biologiques.
1. Définition et classification des agents biologiques
Un agent biologique est un micro-organisme (ou un fragment de celui-ci) susceptible de provoquer une infection, une allergie ou une intoxication. Ils sont classés en groupes de risque selon leur dangerosité :
- Groupe 1 : agents peu susceptibles de provoquer une maladie chez l’homme
- Groupe 2 : agents pouvant provoquer une maladie, mais dont le risque est contrôlable
- Groupe 3 : agents susceptibles de provoquer des maladies graves ; risque de propagation possible mais traitements disponibles
- Groupe 4 : agents à haut risque, souvent sans traitement disponible
Cette classification sert de base pour définir les mesures de protection et de confinement adaptées.
2. Principaux métiers et situations à risque
Les risques liés aux agents biologiques se rencontrent dans de nombreux secteurs d’activité :
- Hôpitaux et laboratoires : exposition aux virus (HBV, VIH), mycobactéries, lors de prélèvements, manipulations ou formation d’aérosols.
- Agroalimentaire et production animale : risque de contamination par Salmonella, Listeria ou Leptospira lors de la manipulation d’aliments crus ou de contacts avec les animaux.
- Stations d’épuration et traitement des eaux : exposition à la Legionella et aux bactéries fécales par inhalation d’aérosols ou manipulation de boues contaminées.
- Secteur du nettoyage et gestion des déchets : contact possible avec des bacilles, moisissures ou virus via les déchets infectieux, poussières et projections.
- Bureaux et open-spaces : transmission interhumaine de virus respiratoires (grippe, Covid-19) ou digestifs (norovirus), favorisée par la promiscuité, les surfaces partagées et une ventilation insuffisante.
- Biotechnologies et recherche : manipulation de micro-organismes (y compris génétiquement modifiés) en culture, nécessitant des niveaux de confinement adaptés (P2/P3/P4).
👉 Cette dernière ligne illustre bien que même un open-space classique peut être un lieu de propagation d’agents biologiques.
3. Modes de transmission et effets possibles
Modes de transmission
- De personne à personne : éternuements, toux, postillons, contacts rapprochés, surfaces contaminées
- Inhalation : particules ou aérosols contaminés dans l’air
- Contact cutané ou muqueux : plaies, projections, contact direct
- Ingestion : mains sales, aliments contaminés
- Piqûres / blessures : accidents avec aiguilles, outils tranchants
Effets sur la santé
- Infections respiratoires (grippe, Covid-19, tuberculose…)
- Maladies digestives (gastro-entérites, salmonelloses…)
- Réactions allergiques (moisissures, poussières biologiques)
- Intoxications (toxines bactériennes)
- Maladies chroniques ou graves (hépatite, VIH, légionellose, etc.)
Le caractère parfois invisible et retardé des effets rend la prévention encore plus cruciale.
4. Obligations réglementaires en France
L’employeur a l’obligation de :
- Identifier et évaluer le risque biologique
- Classer les postes exposés
- Former et informer les salariés concernés
- Mettre à disposition des EPI adaptés
- Prévoir une surveillance médicale (visites, vaccinations)
- Assurer le suivi via le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels(DUERP)
- Respecter les règles spécifiques pour les laboratoires et zones confinées
5. Méthode d’évaluation du risque biologique
- Recenser les sources possibles (y compris la présence humaine)
- Analyser les conditions d’exposition (fréquence, durée, intensité)
- Évaluer la gravité potentielle des agents identifiés
- Hiérarchiser les risques
- Définir des mesures de maîtrise (organisationnelles, techniques, individuelles)
- Mettre à jour régulièrement, notamment après un changement d’activité ou d’environnement
6. Mesures de prévention et maîtrise du risque
* Mesures techniques et organisationnelles
- Ventilation et renouvellement d’air efficaces
- Séparation des zones propres / contaminées
- Procédures de nettoyage et de désinfection régulières
- Gestion des déchets biologiques
- Aménagement des postes pour limiter les contacts rapprochés
* Équipements de protection individuelle (EPI)
- Gants, blouses, surblouses
- Masques (FFP2, FFP3) adaptés au niveau de risque
- Lunettes ou visières
- Chaussures et surchaussures en zones spécifiques
* Formation et procédures
- Sensibilisation des salariés à l’hygiène (lavage des mains, gestes barrières)
- Protocoles de biosécurité et d’urgence
- Affichage clair des consignes
- Exercices réguliers en cas d’incident
* Surveillance médicale
- Visites médicales préventives
- Vaccinations (hépatite B, grippe, etc. selon le poste)
- Suivi sérologique si nécessaire
- Déclaration et traçabilité des incidents
7. Cas concrets et retours d’expérience
- Propagation de grippe dans un open-space mal ventilé
- Infection à Legionella dans une station d’épuration
- Contamination par piqûre d’aiguille dans un service hospitalier
- Épisode de moisissures toxiques dans un entrepôt de stockage
Ces exemples montrent que le risque biologique ne se limite pas aux environnements techniques : il peut apparaître partout où l’humain est présent.
8. Bonnes pratiques synthétiques
- Intégrer l’humain comme facteur biologique dans le DUERP
- Assurer une ventilation correcte des locaux
- Mettre en place des gestes barrières et règles d’hygiène
- Adapter les EPI aux situations
- Former et sensibiliser régulièrement les équipes
- Réaliser des audits et mises à jour régulières
- Développer une véritable culture de prévention et de biosécurité
Conclusion
Le risque biologique est particulier car il est invisible, parfois latent, mais omniprésent. Non seulement lié aux déchets, aux animaux ou aux laboratoires, il est aussi intimement lié à la présence humaine : nous pouvons tous, sans le savoir, être porteurs ou transmetteurs d’agents pathogènes.
Une démarche de prévention efficace repose sur l’identification, l’évaluation, la mise en œuvre de mesures adaptées et une vigilance constante. Car protéger les salariés contre les risques biologiques, c’est protéger leur santé… mais aussi la continuité et la performance de l’entreprise.
L'ensemble des experts EFC Prévention est à votre disposition pour tout besoin d'éclaircissement.